Lettre de notre nouvel archevêque

18 juin 2021

Cette semaine je laisse la parole à notre nouvel archevêque qui nous a écrit dès le 11 juin, jour de sa nomination officielle, une très belle lettre que je vous laisse découvrir.

Belle lecture à Tous.

Père Jean-Marie

Aux membres du Peuple de Dieu qui est dans le Vaucluse :
Baptisés, fidèles du Christ, Laïcs consacrés,
Religieuses et religieux, Diacres et Prêtres

« Frères et sœurs en Christ. »
Il y a déjà quelques semaines, au cœur du temps pascal, Mgr Migliore,
Nonce Apostolique en France, m’a fait part de la décision du Pape François de
me nommer archevêque d’Avignon à la suite de Mgr Jean-Pierre Cattenoz qui a
porté la charge votre diocèse pendant 18 années.
Cette nouvelle est venue me surprendre, m’interroger, m’effrayer quelque
peu… Il en est ainsi face à un appel inattendu. Comme dans d’autres étapes
déterminantes de ma vie, j’ai cherché à recevoir dans la confiance cet appel qui
me dépasse. J’ai estimé qu’il n’y avait pas d’éléments qui auraient pu justifier
que je me dérobe. J’ai donc répondu positivement. Depuis ce temps, en cette
période si particulière de ‘réserve’, avant que la nouvelle puisse être officialisée,
mon esprit et ma prière s’orientent vers vous que je vais rejoindre bientôt pour
vous servir et servir avec vous notre Église et les hommes et les femmes qui
vivent en ce département du Vaucluse.
Pour vous dire dans quelle attitude je vous rejoins, il me semble important
de vous partager en quelques lignes d’où je viens.
Ordonné prêtre en 1979 pour le diocèse de Clermont, j’ai servi cette
Église pendant 32 années à travers des missions variées que mon évêque a
souhaitées me confier. Cela m’a permis d’accompagner la vie des personnes, de
soutenir l’animation des communautés, d’accueillir tout particulièrement les
catéchumènes et les personnes revenant vers le Christ et son Église ; j’ai aussi
été amené à rencontrer d’autres croyants et à réfléchir à l’enjeu du lien aux autres
religions et à l’estime que nous sommes appelés à manifester aux croyants de
diverses confessions.
J’ai été nommé évêque de Rodez par le Pape Benoît XVI et ordonné en
la cathédrale de cette ville le 5 juin 2011. Appelé à la servir, c’est donc lié à cette
belle Église du Rouergue, que j’ai appris peu à peu mon ministère d’évêque et ai
pu le vivre au long de ces 10 années, en relation avec les prêtres, les diacres, les
baptisés dont un nombre significatif donne un visage renouvelé aux
communautés, les congrégations religieuses apostoliques et contemplatives.
Dans le cadre de la Conférence des évêques de France, j’ai été membre pendant
six années du Conseil permanent et préside actuellement le Conseil pour les
mouvements et associations de fidèles.
Au cours de ces années, l’Église de Rodez a cherché à vivre, et à ouvrir
des chemins nouveaux pour être plus justement, dans l’aujourd’hui, signe de la
tendresse de Dieu auprès des personnes. Deux années de synode (2015-2017)
nous ont permis de baliser ensemble ce chemin. Tout n’a pas été simple bien-sûr,
mais ces années ont été passionnantes, nourries de la joie que le Seigneur promet
à ceux qui le suivent. L’aventure de cette Église est belle et aussi délicate, dans
les transformations qu’elle connaît, les déplacements qui sont à vivre, les
chemins nouveaux à explorer. Cela aurait pu se poursuivre ! J’ai un peu
l’impression d’être invité à la laisser au milieu du gué ! Mais je sais qu’un autre
pasteur lui sera envoyé pour continuer à accompagner son chemin.
Si je connais quelque peu Avignon et le Vaucluse pour y être passé en
période estivale, je ne connais pas votre Église. Sauf, exception notable, l’Institut
Notre-Dame de Vie fondé par un enfant de l’Aveyron, le Bienheureux Marie-
Eugène de l’Enfant Jésus. Je ne sais de quelle manière, mais je suis certain qu’il
accompagne cette étape.
Venant vers vous, j’ai donc tout à découvrir, de la vie des hommes et des
femmes de cette terre, de la riche histoire de votre Église, de la variété des
communautés, des étapes vécues ces dernières années, de son visage actuel.
J’aurai à rencontrer et à apprendre à connaître les prêtres et les diacres que je sais
nombreux, à faire connaissance avec les communautés religieuses, à découvrir
la diversité de l’engagement des chrétiens et leur manière de témoigner de la
proximité du Christ. Pour avoir rencontré Mgr Georges Pontier qui assure
l’administration du diocèse en cette période, et échangé avec lui, je sais que vous
êtes confrontés à des questions importantes, que des blessures vives peuvent
marquer certains. Je sais également votre attente d’un élan et votre souhait de
repartir vers un horizon renouvelé.
Je ne viens pas vers vous avec un programme arrêté. J’arrive plutôt les
mains nues, souhaitant découvrir et recevoir ce que vous êtes et vivez pour
l’accompagner et le servir. Je voudrais d’abord vous demander l’hospitalité, car
j’ai besoin de percevoir ce que vous vivez du Christ. Tout appel à quitter est un
déplacement, un décentrement de soi pour aller au pays de l’autre et reconnaître
en lui le don de Dieu. Je voudrais me tenir dans cette attitude. Vous aurez aussi
à m’accueillir et à me découvrir, dans mes capacités et mes richesses, comme
dans mes limites et mes pauvretés. Nous aurons donc à vivre réciproquement ce
mouvement d’ouverture. Je crois que le Seigneur saura permettre que du nouveau
surgisse de cette rencontre. Je suis persuadé que nous saurons nous engager dans
cette marche ensemble sur un chemin de synodalité, celui que le Pape François
nous présente comme « le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième
millénaire ».
Déjà vous êtes présents, et chaque jour davantage, à mon attention et à
ma prière. Je vais vous rejoindre bientôt… Un peu de temps est simplement
nécessaire pour rendre grâce avec l’Église du Rouergue de ces années que le
Seigneur nous a donné de vivre ensemble, et que ses membres m’envoient pour
vous rejoindre.
J’ai commencé à écrire ces lignes le jour de la fête de la Visitation. Marie
se rend en hâte dans la montagne de Judée pour rejoindre sa cousine Elisabeth
dont elle sait qu’elle porte la vie. Cette rencontre si déterminante pour ces deux
femmes, leur permettant mutuellement de reconnaître la Vie qui les habite : le
Mystère qu’elles portent l’une et l’autre. C’est au coeur de cette rencontre que
Marie laisse jaillir le chant de son Magnificat. Le Seigneur ne cesse de promettre
des merveilles à ceux et celles à qui il donne de se rejoindre.
Désormais, ‘vous êtes une lettre du Christ confiée à notre ministère’. 2 Co 3,3
Je vous dis à très bientôt, pour la joie de cette rencontre. Je vous demande
Avec instance de prier pour moi. Qui pourrait s’estimer digne d’une telle
mission ?
Que le Seigneur vous bénisse et vous comble de sa Paix.

+ François Fonlupt, Archevêque nommé d’Avignon